par Antoine Le Calvé
Je vais vous parler d’une technique peu pratiquée en eau
douce tandis qu'elle s'est démocratisée en mer sur nos côtes : Le Jigging
« light ». On ne parlera donc pas ici des Jigs de 40 g et plus.
Historiquement, c’est le Rockfishing qui a permis le développement
de toutes les gammes de mini-Jigs pour les petits poissons de roche et les
pêches en bordure de mer (très courantes en Asie). Cette même technique peut
être reproduite en eau douce notamment sur la perche avec des Jigs allant de
moins d’un gramme à 5-7 g maximum. Comme nous sommes ici avec des leurres de
petites tailles, cela s’adresse souvent à des petits poissons ou plus
précisément à des poissons focalisés sur des petites proies. L’été et le début
de l’Automne seront donc les 2 grosses périodes pour ce type de pêche en eau
douce car les perches de toutes tailles seront très réceptives à ces Jigs. Les
sandres, brochets voire silures ne sont pas indifférents aussi à ce type de
leurre encore peu courant dans nos lacs et rivières.
Le montage technique est simple, on attache une agrafe
adaptée au poids de notre Jig directement sur un bas de ligne en fluoro-carbone
pour une discrétion optimale (avec un diamètre adapté au poids du leurre). Ce
bas de ligne étant relié avec notre corps de ligne en tresse avec un nœud
albright (la tresse est importante pour pêcher profond et mieux ressentir les
touches). Un exemple courant que j’utilise en compétition est une agrafe N°1
avec un bas de ligne en 15 centièmes. L’agrafe permet de varier rapidement les
couleurs et les formes des Jigs pour trouver le bon compromis du jour.
Il faut donc avoir toute une gamme de poids, couleurs et
formes (car tous les Jigs métal ne nagent pas pareil). Les grands classiques en
coloris : Blanc/bleu, irisée/argent, or/orange, jaune, marron, vert et le
rose à ne pas négliger. Deux grandes formes existent : les fusiformes
(allongés et très fins), et ceux plus aplatis (donc plus planants).
Il existe un inconvénient technique qu'il ne faut pas
négliger : le vrillage du fil qui s’accentue plus on pêche profond, fin et
plus les Jigs sont lourds. Une solution est d’augmenter le diamètre du bas ligne (le fluoro étant rigide, plus il est gros,
moins cela vrille). Personnellement, je sacrifie mon bas de ligne régulièrement
en le remplaçant selon l’usure. Pour la longueur, c’est en fonction de la
clarté de l’eau, mais cela va d’un mètre à 2-3 mètres dans des eaux très
claires.
Autre solution relier le corps de ligne (votre
tresse) via un "émerillon baril" à votre bas de ligne en fluoro, par contre on perd
en discrétion et cela ne passe plus dans les anneaux de la canne.
Plusieurs cas de figures sont à envisager en action de pêche
:
- Sur des chasses où les poissons sont décollés du fond et
entre deux eaux, on lance donc notre Jig légèrement au-delà de la chasse (voire
dedans si les poissons sont très actifs et ne risquent pas d’être effrayés). On
garde bien la ligne tendue dès le contact avec l’eau (on peut freiner sur la
fin du lancer pour éviter tout mou). Ici 2 alternatives : soit on laisse
couler le Jig qui nage naturellement tout seul en descendant vers le fond, soit
on démarre l’animation afin de rester juste sous la surface dans la chasse. La
touche sera souvent très rapide, parfois même en touchant l’eau. Il ne faut pas
hésiter à alterner une récupération/animation rapide et les relâcher pour
imiter une proie facile !
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Chinchard |
- Poissons au fond : on se rapproche plus d’une pêche à
la verticale, c’est-à-dire que l’on laisse tomber le Jig sur le fond, et
ensuite on l’anime par des tirées sèches, plus ou moins amples. Technique
coûteuse du bord en leurres qui serait donc à privilégier en bateau. Plus le
Jig est petit (et donc peu profond), moins il est nécessaire de faire de
grandes amplitudes. En mer, il faut souvent faire un bon mètre voire plus, en
eau douce 50 centimètres suffisent. Sur des perches peu actives et collées au
fond, il faut parfois être minimaliste voire immobile (toujours à tester
l’immobilité du leurre décollé juste de 10 centimètres du fond sur des poissons
difficiles lors des premiers froids).
- On ne sait pas à quelle profondeur pêcher ? Ici, il
faut idéalement utiliser du matériel casting, y compris en mer pour une raison
toute simple : un contrôle très progressif de la descente du Jig. En
effet, un moulinet à tambour tournant (casting) est débrayable. La bobine de
fil est alors en libre rotation. En verticale, cela permet juste avec le pouce
de laisser filer 2-3 mètres de tresse et ensuite d’animer à cette profondeur.
Si pas de touche, on laisse filer encore 2-3 mètres juste en levant le pouce de
la bobine et on recommence ainsi autant de fois que nécessaire pour trouver la
profondeur des poissons. Évidement un bon écho sondeur fait déjà ce travail
mais on n’est pas tous équipé.
Cette dernière technique où l’on recherche à quelle
profondeur se situe les poissons mordeurs s’applique particulièrement bien à la
mer. Car, au-delà du classique Rockfishing qui nécessite encore plus de finesse
que la perche en eau douce, il existe une autre pêche très ludique avec des
Jigs de 10 à 30 g : Le maquereau. On passe sur un bas de ligne fluoro en
35 centièmes (inutile de jouer trop la finesse). En fait, on augmente la taille
du bas de ligne/agrafe/Jigs etc… selon l’espèce recherchée car cette technique
fonctionne aussi très bien sur les bonites ou les thons (avec évidemment une
adaptation pour les thons, nœuds spécifiques exotiques, pas d’agrafe etc…).
Ces
poissons oscillant rapidement entre le fond et la surface, il n’est jamais aisé
de localiser leur profondeur. De plus, le Jig permet des lancers très loin du
fait de sa très haute densité et donc de pêcher des chasses éloignées même face
au vent (important si l’on souhaite rester discret et ne pas effrayer les
poissons).
Il y a plusieurs avantages pour le maquereau à les
rechercher au Jig :
- Aucun emmêlage de la ligne avec tous les risques d’un
hameçon finissant dans un doigt avec une mitraillette et 2-3 poissons se
débattant dans tous les sens.
- Pêche avec du matériel léger et donc plus
confortable/plaisant.
- Possibilité de relâcher ces prises en minimisant les
blessures car de nombreux jigs sont équipés en hameçons simples (et on peut
toujours changer un triple par un ou 2 simples).
Le maquereau se révèle alors avoir une âme de combattant sur
du matériel adapté en puissance (on croirait presque pêcher des bonites ou des
petits thons). Au final, on réalise autant de captures qu’avec une mitraillette
car on gagne en rapidité et en s’amusant bien plus.
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Canne Dragonbait LX |
Un inconvénient sur ces Jigs : la profondeur de pêche.
Beaucoup de poissons ne supportent pas une décompression importante et rapide à
cause de leur vessie natatoire (Perches, Sandres, Vieilles, Lieux etc…) donc il
ne faut pas pêcher trop profond, 10 mètres est la limite pour relâcher toutes
ses prises dans de bonnes conditions. En mer, cela dépend beaucoup de l’espèce
visée mais les prises accidentelles profondes font trop souvent plaisir aux
mouettes. Donc il faut cibler aussi les 10-15 mètres maximum où alors passer
sur du « gros » Jig pour sélectionner par la taille les prises (mais
Morues & Lieux au Jig c’est une autre histoire moins light).
Astuce : La compétition m’a appris à toujours
innover/rechercher pour prendre plus de poissons et voici un montage possible
pour améliorer vos chances de capture. Un « Drop-Jig », c’est-à-dire
un Jig servant de lest avec monté au-dessus un leurre souple en montage drop
shot. Le Jig rapportera la majorité des prises mais parfois le LS peut décider
un poisson difficile (voire un doublé de Perches/Maquereaux sur des chasses).
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Montage Drop Shot et Leurre Souple TICT |
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Chinchard sur Lizardtail TICT |
Les Jigs métal sont des leurres qui ont la cote (il y en a de
plus en plus dans mes boites) car ils sont très polyvalents autant sur les
profondeurs de pêche que sur les espèces capturées.
Antoine Le Calvé